mardi 24 février 2009

Économies ?

Président Obama prononçait, ce soir, un important discours devant les deux chambres du Congrès des représentants proposant une sorte de "bande annonce" de son prochain budget. D'un ton réaliste, il y fait appel aux forces vives de la nation, explique que tous devront faire des sacrifices en ces temps incertains où les confiances ont ébranlées mais voit les prémisses des solutions aux graves problèmes dans "les universités, les laboratoires de recherche, les entreprises, les terres agricoles et la fierté du peuple américain".

Mais là où le discours se corse, sur le plan logique : en termes sévères de l'exigence de cohérence, c'est lorsque malgré ce temps de disettes, il maintient sa promesse de diminuer de moitié le déficit fédéral d'ici la fin de son mandat, soit en janvier 2013. Les chiffres sont énormes ("mind boggling" disent les anglo-américains, c'est-à-dire que ce sont des chiffres qui défient l'imagination) : 1500 milliards de dollars (US) cette année et encore croissant avec les dépenses annoncées.

Comment peut-il faire une telle chose, et surtout s'il maintient, comme il en a fermement l'intention, ses projets de dépenses sociales et de soins de santé, le régime public à la canadienne proposé par Hillary Clinton et bloqué au Congrès lors du premier mandat de Bill Clinton; comment est-ce possible de couper le déficit de moitié tout en engageant ces lourdes dépenses ?

Président Obama dit avoir identifié plus de 2000 milliards de dollars d'économies faisables. Où ? Cela ne peut pas être simplement un resserrement des gaspillages administratifs. Pour atteindre cet ordre de grandeur, je ne vois que les dépenses militaires en effet énormes qui peuvent atteindre à cet ordre de grandeur. Alors là, moi je dirais que c'est une très bonne nouvelle !

Depuis la seconde guerre mondiale et dans la psychose paranoïaque induite par la dynamique mimétique de la guerre froide, les Américains ont toujours trop dépensé militairement. Des nuées de contrats sans appels d'offres étaient généreusement distribuées aux compagnies des amis du régime, retour d'ascenseur des juteuses contributions occultes aux caisses électorales et il y a là des milliards de gaspillage de fonds publics. Le complexe militaro-industriel, dont la puissance clandestine a été identifiée déjà du temps de Dwight Eisenhower n'a jamais été sérieusement remis en question par aucune des administrations qui se sont succédées depuis.

Seul un président à la poigne ferme et jouissant d'un très large, solide, indéfectible support populaire peut s'attaquer à cette tâche confinant aux travaux d'Hercule : il s'agit bel et bien de nettoyer cette écurie d'Augias. Sur son chemin il trouvera beaucoup d'hommes accrochés à cet énorme pouvoir et il sera obligé de leur marcher sur les pieds. Il est à craindre qu'ils ne se laissent pas toujours faire. Saura-t-il jouer habilement ses cartes pour les reconvertir à une vision du monde très différente ? Il faudra écarter les récalcitrants.

Mais cela s'avère nécessaire parce que cette réforme est une partie importante de celles qui sont essentielles à la "refondation de l'Amérique" à laquelle le président Obama invitait lors de son discours d'assermentation (cf. plus bas). Les précédentes administrations, toutes de droite et impérialistes avec de faibles nuances, sur le plan de la politique internationale entre les républicains et les démocrates, en étaient venues à asseoir leur modèle de développement économique sur les deux jambes boiteuses de l'innovation technologique principalement dirigées sur les armements et autres exigences militaires ainsi que sur la consommation intérieure des ménages, au-delà de leurs moyens et au prix d'un endettement catastrophique. La crise actuelle représente l'effondrement de ce système malsain.

La lucidité et le courage, en la personne d'Obama, se donnent un vaste programme, une énorme tâche qui se détaille en millions de petits efforts individuels, sacrifices, souplesse et ouverture d'esprit : il faut envisager des solutions inédites, inventer un chemin différent. Ce programme aura besoin jusqu'à la fin d'un large soutien du peuple et de la plupart des plus importants joueurs en place. Moins de canons, plus de beurre...

Souhaitons que le plan se mette résolument en route, souhaitons que le vaisseau se rende à bon port, parce qu'il ne s'agit pas seulement du sort de l'Amérique mais quelque part du monde entier. À telle enseigne que la question devrait déjà être plus claire à la tête de chacun des citoyens du monde : que puis-je faire, directement ou indirectement, pour contribuer à la réalisation de ce plan de sauvetage ? Notre vaisseau, la planète terre, est en danger. Le climat risque d'y devenir impropre à la survie de son équipage : nous.

La métaphore du vaisseau spatial, notre Terre, vient de Buckminster Fuller, mais l'idée du vaisseau en avarie a été reprise par les Chinois dans leurs discussions avec Madame Clinton en fin de semaine. Nous pourrions être déjà sur la bonne voie lorsque nous prendrions correctement conscience de l'intrication de tous ces problèmes ? Sommes-nous prêts à l'effort intellectuel nécessaire ? Il pourrait nous éviter énormément de souffrances plus physiques ?

Je souhaite à tous une vie longue et prospère.

1 commentaire:

  1. Je crois que l'humain réagie à la peur et que maleureusement quelque personnes son au bord du précipice et d'autre ne le voit même pas !

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