mardi 10 mars 2009

Volte-face sur l'Afghanistan

Le premier ministre canadien Stephen Harper se pavanait en début de semaine dernière (1er mars) à New York et en plus d'en rajouter une louche sur les politiques économiques de droite, pour rasséréner les chantres néo-libéraux du capitalisme qui bat de l'aile il s'est commis sur les questions géopolitiques et internationales.

Ce monsieur a d'abord une formation d'économiste ce qui laisserait penser qu'il connaît mieux de quoi il parle quand il s'exprime sur ce premier sujet. Mais la crise actuelle nous montre que les théoriciens de l'économie capitaliste ont tort et que ceux qui appliquent leurs recettes ne savent pas ce qu'ils font. Nous y reviendrons dans de prochains messages...

Par ailleurs, la participation canadienne à l'occupation prolongée de l'Afghanistan se révèle de plus en plus couteuse et sanglante. Harper en prend acte, d'un côté, et de l'autre il cherche, sans affront, parce que les relations, d'abord économiques, avec la voisin américain, sont si importantes, à se désolidariser des politiques progressistes du président Obama et ce qu'il a trouvé, pour le moment, c'est l'opportunité d'acheter la thèse qu'on lui oppose, ici au Canada, depuis sa prise du pouvoir (heureusement encore et toujours minoritaire...) de tous ceux qui disent que l'on n'a pas d'affaire à se mêler de cette guerre impérialiste, engagée sous un vrai prétexte, de traquer Bin Laden, responsable, apparemment, des attentats du 9-11 en 2001, mais continuée sous de faux prétextes, de forcer l'éducation d'un peuple composite ethniquement vers le modèle occidental de la démocratie parlementaire et de provoquer un progrès social passant entre autre mais aussi principalement, pourrait-on dire, par une relative émancipation des femmes dans cette culture étouffante, spécialement pour elles ; alors qu'en fait il s'agit de tout autre chose : objectifs stratégiques, dont 1) après l'Irak de continuer à encercler l'Iran, le prochain grand vilain, après la Corée du Nord, 2) faire passer un pipeline pour approvisionner le sous-continent indien et le commerce international maritime en pétrole du Kazakhstan 3) assurer une présence forte dans cette région carrefour et garder un œil sur le flanc sud de la puissance russe en cours de reconstitution.

À mon avis, le Canada n'a jamais rien eu affaire en Afghanistan, ou alors seulement dans la mesure ou il participe activement à la politique impérialiste des États-Unis. Tactiquement, c'est Jean Chrétien, précédent premier ministre libéral, qui avait décidé de l'engagement militaire en Afghanistan parce qu'il venait de refuser d'accompagner son grand allié dans une invasion manifestement outrancière en Irak. À ce moment il ne se sentait pas la capacité de refuser cette fois encore à la demande du président Bush II. Alors le Canada s'est retrouvé engagé dans ce merdier toujours pour de mauvaises raisons.

Les pacifistes sont actuellement le sel de la terre, avec les écologistes --et souvent ce sont les mêmes. Il n'y a rien de plus urgent que de s'opposer activement à la guerre, à la montée des tendances agressives et propageant la haine entre les nations et cette urgence croît encore avec la révélation de la profonde crise du soi-disant développement économique fondé sur du papier : la spéculation sur les "produits dérivés" à conduit à une à une surenchère hallucinatoire qui produisait une croissance économique factice masquant une dynamique économique mondiale fondamentalement malsaine : la stratégie états-unienne se concentrait sur le développement tehcnologique de pointe, à orientation stratégiquement militariste et chargeant l'exagération de la consommation domestique, au prix d'un endettement sans précédent des ménages, de financier le développement industriel explosif de la Chine. Cette dynamique économique ne pouvait que déraper tôt ou tard et c'est ce qui a produit la véritable dérive du capitalisme lorsqu'il devient fou, complètement obnubilé par son rêve idéaliste.

Stephen Harper n'y comprend rien, il s'est vu imposer un budget "libéral" au sens canadien de relance par travaux d'infrastructure mais pour afficher un semblant d'indépendance il se mêle indirectement de critiquer l'approche obamienne de sortie d'Irak pour recentrer ses forces sur l'Afghanistan. Que les Américains viennent relever les forces canadiennes est très bien, ils assument ainsi eux-mêmes l'effort de leur propre politique impérialiste. Harper, lui, veut se concentrer sur l'affirmation de la souveraineté canadienne en région arctique. Lui qui ne savait plus comment dépenser les énormes surplus générés par le boum sur les ressources naturelles du précédent cycle économique, plonge maintenant en déficit sans diminuer pour autant les investissements dans les dépenses militaires. Cela prend le plus souvent la forme de juteux contrats aux compagnies américaines qui sévissent sur ce marché.

De toute manière, les impérialistes sont voués à collaborer au nord ou au sud, mais le peuple et les nations occidentales, américaines compris, veulent la paix et une politique visionnaire de sauvegarde de la planète.

Nous ne croyons pas que monsieur Stephen Harper a enfin compris le bon sens en politique étrangère et particulièrement en Afghanistan, mais plutôt qu'il cherche par certains côtés à se rendre plus populaire et acceptable à l'opinion publique qui est, surtout au Québec, largement opposée à cette guerre, en vue de prochaines élections, qui ne sauraient trop tarder et pour consolider le pouvoir chancelant de son gouvernement actuellement minoritaire. Dieu nous garde d'une telle éventualité, à contre-courant de l'histoire !

Vive l'amour des hommes, des femmes et de la vie qui s'égaye au printemps, alors qu'enfin les glaces et la neige se retirent de nos contrées. Live long and prosper.

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