mardi 26 mai 2009

Un fantôme encombrant

L'ex-vice-président Dick Cheney s'agite encore ces jours-ci et tente de défendre son bilan activement : il ne connaît que la fuite en avant. C'est pourquoi il doit, en leader, tenter d'organiser l'opposition aux projets et politiques proposées, quand elles ne peuvent pas être imposées, par l'administration mise en place par le président Barack Obama. Il s'en est pris, jeudi le 21 mai, à la mollesse de l'administration Obama dans la guerre au terrorisme.

Il se devait, en particulier, de répondre au dernier discours de Barack Obama sous forme d'adresse à la nation à heure de grande écoute sur les principaux réseaux où celui-ci avait clairement mis en cause les méthodes de torture utilisées à Guantanamo en disant qu'elles étaient contraires aux valeurs américaines et contre-productives à la longue, aliénant des alliés actuels ou potentiels.

C'est ainsi que son influence a eu un effet sur le vote au Congrès qui mettait des bâtons dans les roues du projet de Obama de fermer la prison de Guantanamo en refusant d'accorder les fonds.

Je ne crois pas cependant qu'il fasse l'unanimité au sein même de son parti républicain, son nom est moins bon depuis qu'il n'a plus le contrôle de l'appareil d'État, truffé de polices secrètes et plus ou moins clandestines, illégitimes ; moins recommandables aussi depuis qu'il n'a plus les moyens de distribuer de larges récompenses aux nantis et investisseurs dans le complexe militaro-industriel.

Surtout, ce nom résonne moins bien aux oreilles des américains qui doivent subir les catastrophes personnelles et collectives qui résultent de la crise financière, économique, écologique, sociale et politique qui a été fortement aggravée par la stratégie qu'il a lui-même mise en œuvre.

"Soyons clairs : Cheney parle pour les sections puissantes de la classe dirigeante, soutenue par des sections substantielles de l’appareil militaire et des services du renseignement, qui sont profondément hostiles à la démocratie", nous dit Joe Kishore dans un article datant du 22 mai (version originale anglaise) publié dans le World Socialist Web Site (wsws.org). Je suis entièrement d'accord avec cette évaluation de la position Cheney et sur le zèle de la police politique clandestine à défendre la constitution démocratique.

Alors, pour l'ensemble de son œuvre, il serait temps, je crois que l'évaluation par l'opinion de fasse sentir : il est improbable que jamais dans l'histoire sa stratégie politique obtienne un jugement favorable, jamais la note de passage. Il a précipité le déclin de l'empire américain, compromis le prestige des États-Unis et le leadership américain dans le monde que s'emploie à restaurer le président actuel. Celui-ci, Barack Obama, a dû prendre le contre-pied de cette "stratégie" et sur pratiquement tous les sujets importants effectuer un virage à 180 degrés.

Dans son discours le même jour, comme en réplique, le président Obama est demeuré ferme sur ses positions et dans la condamnation des agissements de la précédente administration, refusant cependant d'aller plus loin que de parler d'"erreurs"...

Dans la récente controverse, cependant, Cheney se faisait cinglant, ouvertement méprisant à l'égard des choix et de l'attitude de Obama et allait jusqu'aux menaces à peine voilées lorsqu'il faisait état du mécontentement du personnel de la CIA et autres agences plus ou moins clandestines. Ces gens-là n'aiment pas, en effet, que l'on remette en cause leurs méthodes de travail et se méfient comme la peste de toute velléité de contrôle politique, surtout droit de regard démocratique, sur leurs agissements, comme s'ils étaient au-dessus des lois, puisque pour défendre, disent-ils, la Constitution des États-Unis, ils doivent exiger l'impunité alors qu'ils l'enfreignent régulièrement.

Mais il est vrai qu'Obama doit être prudent car il s'avance sur un terrain miné. Il ne peut s'assurer d'un appui solide, c'est-à-dire constant, indéfectible et quasi-unanime de la part des services secrets et même de l'appareil militaire, lorsque ses choix politiques semblent léser directement leurs intérêts symboliques et matériels. N'oubliez pas que l'on n'a toujours pas complètement éclairci le complot qui menait à l'assassinat de Kennedy et que tous les coupables n'ont pas été identifiés. Beaucoup de groupes puissamment organisés lui en voulaient dont la CIA après le débarquement manqué à la Baie de Cochons, Cuba.

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