vendredi 27 janvier 2017

La Momie et la fin du capitalisme

Il part en vacances, le beau discoureur. Grand parleur. Petit faiseur.

On attendait trop de cette présidence qui en soi déjà constituait un événement historique. Les changements étaient promis pourtant. Ensuite la résignation suite à l'apprentissage de la longue patience nécessaire à la survie du réalisme.

Mais les grandes Occasions ont été manquées. La réforme du système financier, notamment, est un complet fiasco. L'intention profonde n'a jamais été de réformer le capitalisme. La suprématie étatsunienne croit encore avoir tout à gagner en continuant d'imposer ce corset létal, la domination financière poussée à l'extrême de la planète humaine malade maintenant.

La bonne nouvelle est que le capitalisme est moribond. La très mauvaise nouvelle est qu'il s'agite encore et que cela va faire très mal. La posture nietzschéenne s'accommoderait très bien de la souffrance des masses nombreuses, pourvu seulement que les fins justifient, par leur élévation, hauteur de vue, proportions historiales, la mise en oeuvre implacable des moyens cruels. Est-il besoin de souligner qu'il n'y a rien de tel en vue ici, aucun projet pour l'humanité!? Que la cupidité et l'égoïsme forcené ici. Rien pour justifier de grands sacrifices.

La nouvelle donne, Trump, ce qui n'est pas une pensée mais qui par défaut va devenir une stratégie, le retrait, tentera d'opérer un recentrage à l'intérieur des frontières. En reconsidérant une grande partie de ses "obligations" internationales (nécessaire au maintient d'un Empire) le nouvel exécutif va tenter un recentrage de ses forces et une redéfinition de ses objectifs.

Ceci ouvre une période de dégel et de chaos où soudain plusieurs trajectoires sont possibles. La situation internationale devient de jour en jour plus incertaine. La Turquie ayant donné l'exemple du retournement des alliances, la désaffection vis-à-vis du projet de l'"Amérique" pourrait progresser à grande vitesse.

L'Europe se défait si facilement parce que ce grand ensemble est bâti sur de mauvaises bases. L'Union monétaire et le corset financier n'emportant pas l'adhésion des masses, c'est la légitimité du capitalisme qui est maintenant nié. Devant l'impossibilité de la croissance, les obstacles à la continuité de l'accumulation du capital, ce sont des guerres qui vont redéfinir les nouvelles frontières et la définition de nouveaux ensembles.

La responsabilité de la Momie est grande. Le jeune Pharaon avait la possibilité de réformer la nature même du pouvoir. Au lieu de ce qu'il promettait, il a perfectionné le mensonge au plus haut point. Celui du gouvernement pour le peuple et par le peuple.

La dictature du capital et des services secrets s'est poursuivie, tirant les ficelles dans l'ombre et le clair obscur, propulsant le cynisme et la désaffection des masses atomisées à de nouveaux niveaux de profondeur et d'intensité. Seul devant son café, son miroir, son échec, chacun s'interroge: que va-t-il advenir de nous ?

Le Pharaon se transformant --de son vivant, pendant ses deux mandats, un peu plus et chaque jour sous l'éclairage des médias-- en Momie, sous nos yeux déçus, est lourdement responsable du saut dans l'inconnu que représente l'élection trafiquée (mais quelle ne l'est pas, depuis la fin de l'ère rooseveltienne?) à l'issue de laquelle, par la "vertu" du winner take all, tout le monde se Trump maintenant.

Tout le monde se Trump, et lui le premier. Il n'attends pas une heure, un jour après l'autre pour se ridiculiser. Pour ceux qui peuvent attendre, il ne s'agit que de lui laisser assez de corde pour qu'il se pende. Dans l'intervalle en effet, il va s'occuper de nous joueur quelques tours pendables. D'une manière similaire, le capitalisme sénile, apparemment au faîte de sa puissance, n'ayant plus d'ennemi crédible, devra immanquablement retourner ses forces destructives contre lui-même.

Se trompent, pas seulement la presse, mainstream ou pas, à la botte ou à la marge, mais aussi le peuple, les gens, les consommateurs, producteurs, agents, travailleurs, chômeurs et citoyens néanmoins d'une République pudique qui cache mal les menées de l'Empire. Il est, lui, l'affaire du deep state, le pouvoir qui s'exerce clandestinement est le vrai leader de la suprématie "américaine", l'organisateur du côté noir de la Force.

Désorientation, confusions, partout le doute et la montée de la peur. Tous les choix sont plus risqués. Les certitudes sont ébranlées, les vies individuelles, naguère banales, de chacun, deviennent soudainement bien plus intéressantes.

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